Les employés eux-mêmes mettent du temps avant de comprendre qu’ils souffrent d’un problème de santé mentale. Ils se disent : « ce n’est rien, c’est juste une petite déprime, ça va passer. »
Mais voilà, cela ne passe pas toujours. La déprime se transforme en véritable souffrance psychologique et souvent en maladie mentale.
Les personnes souffrant d’une maladie sont peu portées, voire réticentes, à demander de l’aide. Ils ne veulent pas compromettre leur vie professionnelle.
Si la lutte contre la stigmatisation, ainsi que la promotion et la prévention de la santé mentale étaient plus répandues dans les entreprises, la discussion sur la santé mentale au travail en serait facilitée d’autant.
Pour l’instant, les pathologies du trouble de l’humeur ou de l’anxiété prédominent en matière de santé organisationnelle. Au bout d’un certain temps, les personnes en souffrance ont besoin d’un soutien psychologique et, malheureusement, plusieurs d’entre elles finissent par grossir les rangs de l’absentéisme.
Ne pas trop attendre pour parler de santé mentale au travail
Oui, mais la plupart des gestionnaires me répondent qu’ils ne sont pas des professionnels de santé et ne savent pas comment s’y prendre pour parler de troubles de santé mentale ou de bien-être au travail.
Je sais que cela peut être difficile de parler de la détresse mentale, mais les gestionnaires doivent faire preuve de courage, car la souffrance psychique devient vite insupportable. Pas nécessaire d’être un professionnel de la santé mentale pour tendre la main aux plus vulnérables de nos employés.
En plus, et c’est très bien documenté, le support social du gestionnaire constitue une intervention très significative et positive pour l’amélioration de la condition mentale des personnes souffrantes.
Préparez-vous à la conversation
Commencez par identifier concrètement les comportements et les changements qui provoquent le besoin de tenir une discussion sur la santé mentale. Ensuite, il faudra aborder la question avec doigté et empathie.
Identifiez votre objectif. Par exemple, informer des services et des politiques de l’entreprise, convaincre de voir un professionnel de la santé, de consulter le PAE, etc.
N’oubliez pas que la personne vulnérable sera probablement dans un état émotionnel exacerbé, et elle aura peut-être des demandes (surcharge, organisation du travail, prendre congé, changer de service, etc.). Soyez ouvert à la discussion, facilitez-lui l’accès aux soins de santé mentale. Soyez proactif dans la lutte contre sa détresse psychologique.
Déstigmatisez avant tout
Paresseux, faible, se cherche une façon de ne pas travailler, etc. Voici quelques préjugés encore en vogue sur le lieu de travail.
Prenez les mesures nécessaires pour combattre la stigmatisation. Proposez à l’entreprise d’agir en prévention des risques, de promouvoir la santé mentale et le mieux-être, d’agir sur le stress au travail, de se doter de véritables programmes de santé mentale. Depuis quelques années on constate de l’amélioration, plusieurs employeurs investissent pour améliorer la santé psychologique au travail et créer des milieux de travail sains. Même l’organisation du travail n’y échappe pas, c’est tant mieux !
Lors d’une conversation sur la question de la détresse psychologique, le gestionnaire cherchera à instaurer un climat de confiance et rassurera l’employé sur la volonté de l’entreprise à le supporter.
L’employé doit sentir une atmosphère de sécurité psychologique, et une volonté réelle de protection de sa santé par l’entreprise. Cet engagement du gestionnaire et de l’entreprise aide généralement l’employé à s’ouvrir sur son mal-être et les problèmes qu’il rencontre.
Montrez-vous empathique et ne juger pas
Se montrer empathique signifie que vous devez écouter avec empathie. Vous devez être présent, manifester de l’ouverture, vous montrer flexible. Essayez autant que possible de vous mettre dans sa peau, soyez curieux, posez des questions, écoutez les réponses sans juger.
Si la personne s’ouvre sur les problèmes de la vie personnelle (drogues, addiction, symptômes dépressifs, etc.), ne la jugez pas, et ne faites pas d’hypothèse sur les traitements qu’elle devrait suivre. Vous n’êtes pas un professionnel de la santé mentale. Vous pouvez vous montrer empathique, par exemple vous pouvez dire, cela ne doit pas être facile à vivre au plan psychologique.
Faites attention à vouloir remplir les silences. Laissez ces silences se produire, ils font parfois place au partage.
Proposez de l’aide
Demandez à votre employé ce dont il a besoin, proposez des choses;
Voulez-vous prendre un congé?
Aimeriez-vous plus de flexibilité dans votre horaire de travail?
Peut-on réduire votre charge de travail, redéfinir vos objectifs et vos livrables?
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail, voulez-vous vous concentrer là-dessus davantage?
Peut-on améliorer l’environnement de travail et diminuer le stress?
Y a-t-il autres choses que l’on pourrait regarder ensemble pour favoriser votre rétablissement, vous aider à retrouver une meilleure santé mentale, un mieux-être quoi?
Cette ouverture de votre part sera bien reçue. L’employé verra que vous vous souciez de sa bonne santé psychologique. Ne vous arrêtez pas là, car il pourrait avoir besoin d’aide extérieure. Offrez-lui de voir un médecin ou de consulter le PAE. Si vous sentez la personne mal à l’aise et enclin à s’auto- stigmatiser, parlez-lui de consulter une ressource spécialisée, plutôt que d’utiliser le mot psychologue ou psychiatre.
Vous pouvez aussi lui proposer de faire vous -même des démarches en ce sens.
Faites des suivis
Si vous êtes tombé d’accord sur un plan d’action. Mettez-le en branle rapidement. Par exemple:
Suggérez tout de suite une rencontre pour évaluer et faire des changements à la tâche;
Prenez un rendez-vous pour la personne auprès de la ressource convenue;
Fixez des rencontres statutaires de suivi pour discuter de l’évolution des choses et proposer de nouvelles avenues si nécessaires.
Puis, lorsque le problème sera chose du passé, prenez à quelques reprises des nouvelles pour vous assurer de sa bonne santé mentale et de sa qualité de vie au travail.
Amélie ta coach en santé mentale
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